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Images du Quotidien
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8 janvier 2009

La Bête malade

LEPEN001
Il fait froid, et jean marie Le Pen donne une conférence de presse à l'occasion de sa séance de vœux au nouveau siège du front national à Nanterre. A chaque fois que je dois photographier un événement du front national je me pose les mêmes questions, les mêmes problêmes. Comment photographier la bête immonde? Comment mettre en image le cynisme froid de la détestation de l'autre, du refus de l'inconnu? Comment retranscrire le visage de la réaction? Encore une fois je n'ai pas de réponses toutes faites. Je marche à vue. Je me dit, souvent, que la caricature est une porte de sortie.. Forcer le trait sur ces personnages là me semble juste. Non pas pour être dans une exageration primaire mais parce que le bête, justement, se présente sous des masques polis et avenants. Il faut se méfier, à nouveau, des faux semblants, des évidences. Alors, je m'autorise l'excès d'irrévérence, la grosseur du point. Tout cela pour faire sourdre des situations la violence des positions, des convictions profondes.
Ainsi réunis dans cette salle anonyme, constituée à la hâte d'un fond bleu et de drapeaux dépités, nous assistons au même discours depuis de nombreuses années. L'extrême droite est malade. Elle a perdu de sa superbe. Le Pen bombe le torse mais semble s'étouffer à chaque respiration. Il déroule son argumentaire. Identique. Immuable. A ses côtés se tiennent bruno Gollnisch et marine Le pen, sa fille, qui seront les deux successeurs annoncés du vieux chef dans quelques années. Ils ne disent rien. Ne se regardent pas. Le culte du chef et le silence qui y est associé sont encore trés fort dans la maison..
A la fin de la psalmodie, le Pen léve la séance. Son conseiller pour la presse et son garde du corps le rejoignent sur la tribune. Ils se tiennent légèrement en arrière pour accompagner et accueillir le vieil homme vers la suite du programme. Les caméras sont parties, les micros remisés. Le Pen lâche une toux roque. Celle qu'il retient depuis le début. Je failli ne pas l'entendre. Je suis concentré sur ces deux hommes à l'arriére. Ils le regardent pour ce qu'il est vraiment. Un visage du passé. Un masque encore sur scène mais qui sait que sa place sera bientôt dans la coulisse. Ils l'accompagnent du regard, eux qui l'ont suivis durant toute une vie. Ils savent que d'autres attendent. La bête est malade mais elle a des enfants. Ces enfants qui regardent, de loin, qu'une issue se dégage. Je les sens derriere moi.
La prochaine fois il faudra que je me retourne.

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Commentaires
P
Super texte et bonne photo ! j'adhère !
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