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Images du Quotidien
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23 mars 2009

Juste avant

PSZENITH009

Dimanche au zénith. Je suis à la fête des libertés organisée par le parti socialiste au zénith de paris. Pourtant l’ambiance est plombée. La foule militante n’est pas là. La salle à moitié vide, les élus qui rentrent dans la salle ont du mal à cacher leur dépit. Chacun tente de faire bonne figure, les jeunes se lèvent parfois et portent leurs pancartes de manière maladroite. Les interventions sur la tribune sont pourtant de bonne tenue mais les paroles se noient dans la gêne commune qui règne dans la salle. Journalistes, organisateurs, rares militants, chacun voit bien le malaise. Alors chacun tente de trouver sa solution. Le journaliste, le cynisme. Le Militant, l’obstination. Le politique, la méthode coué. La matinée se passe. L’intervention de Martine Aubry prévue pour 12h est annulée en catastrophe. Elle ne peut pas parler devant une salle presque vide. La mauvaise humeur règne. Photographes et caméras nous nous faisons engueuler car nous sommes trop pressants. Il est vrai que l’on se jette vers le moindre petit évènement. Aubry s’inquiète en permanence de son œil. Il est vrai qu’elle a eut problème à la cornée il y a quelques temps et qu’elle est sensible à la moindre lumière. Peu pratique pour une personnalité publique. Alors, maladroitement, elle se cache le visage. Se rue sur le moindre photographe qui balance un coup de flash, ou une camera qui oserait allumer sa lumière disposée au-dessus de son objectif. Cela rajoute au pathétique. Mauvaise ambiance, une salle de spectacle plongée dans le noir et des politiques qui fuient les images. Drôle de dimanche.. Martine Aubry se réfugie dans la coulisse en lançant à la personne à côté d’elle : « Ils m’emmerdent alors.. » Elle parle de nous, et je ne lui en veux pas. La vindicte n’est pas clairement lancée vers nous et je pense qu’il s’agit d’un mouvement d’humeur. Elle s’agace de nous, d’eux, d’elle.

La pause du déjeuner me permet de traiter mes images. Dans la salle de presse, j’ai un peu honte d’afficher sur l’écran les photos des militants désabusés que j’ai fait ce matin. C’est pourtant ce qui se passe. Je transmets au journal et téléphone au service photo. Normalement j’ai une grande photo, mais ça peut bouger. Nous décidons d’attendre les images que je vais faire cet après midi pour décider. Un membre du service d’ordre vient s’asseoir à côté de moi. Il s’effondre sur la chaise en plastique qui plie sous son poids. Comme un enfant il me dit : « là je crois que c’est le truc de trop » il me dit ça sur le ton de la plaisanterie mais je vois bien qu’au fond de lui-même, l’esprit militant qui l’anime souffre un peu.

PSZENITH029

14h reprises des débats. Les discours s’enchaînent. Cette fois Martine Aubry prendra bien la parole en fin de journée. Je fais très peu de photos. Je me concentre sur la manière dont je vais photographier son intervention. Exercice sans cesse répété et difficilement renouvelable. Je me tiens à côté de la coulisse, juste au pied de l’escalier qui mène à la scène. Soudain j’aperçois la première secrétaire qui sort du rideau. Elle se tient prête à prononcer son discours. Elle attend entourée de son directeur de cabinet et sa proche collaboratrice. Je m’approche très doucement. On ne me dit rien. Le membre du service d’ordre qui s’est assis à cote de moi tout à l’heure me sourit. La collaboratrice me regarde mi autoritaire mi amusée. Bon. Pas d’interdiction précise, je suis implicitement autorisé à rester là. C’est une bonne situation. La politique attend son tour. Personne n’ose vraiment contrarier sa concentration. Devant elle les techniciens se pressent, les équipes se mettent en place. Elle ne bouge pas. Bras croisés, elle écoute les discours en cours. Je remarque une flèche rouge sur le rideau qui désigne habituellement l’ouverture du rideau. Je m’amuse à croire qu’il s’agit d’un signe pour m’indiquer ce que je dois photographier…soudain Martine Aubry se cache à nouveau les yeux. Tout le monde me regarde. Elle me dit « vous avez une lumière là… » je regarde mon appareil. Les gens autour de moi, et je dis « mais…non…je vous promets » elle me dit « mais si là.. » Et puis elle vient vers moi. Elle me prend les mains. Je sens que les siennes sont glacées. Dans le même temps elle s’adresse à quelqu’un juste derrière moi. C’était un technicien qui faisait une photo avec son appareil compact. La lumière c’était lui.. Martine Aubry me dit « excusez-moi mais j’ai eut un problème à l’œil et je sui stressée avec ça.. » Elle me tient toujours les mains. Je ne parle plus à la femme politique. J’ai l’impression de parler avec ma mère… je réponds « mais je vois bien que ça vous stresse » « ben oui mais c’est pas facile.. » Juste après elle se retourne et se positionne à nouveau à sa place. Tournée vers la tribune, elle attend toujours son tour. La politique à repris le dessus. Je continue alors à faire mes images. Le rideau noir, la lumière de la scène de côté, le flèche rouge, la politique dans la situation juste avant. Juste avant son discours. Juste avant d’énoncer les mots qui seront enregistrés et qui se répèteront jusqu’à demain dans les journaux. Ça y est, c’est à elle. On l’appelle sur scène. La mise en scène peut démarrer. Je la laisse aux autres. J’ai eut ce que je voulais. Je vais transmettre ces images là.

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Commentaires
G
A quand un nouveau billet sur ce photo blog vraiment sympa pour décrypter le point de vue d'un photo reporter??<br /> <br /> Bon courage!
P
Bonjour,<br /> <br /> Je viens régulièrement sur votre blog. Même si je ne laisse pas de commentaires, j'apprécie beaucoup cet éclairage sur votre travail au quotidien.<br /> <br /> Continuez !
A
Salut Seb,<br /> ça faisait longtemps que je n'étais pas venu et j'ai eu plein de trucs à lire. C'était super ! Merci. Je te sens un peu en baisse de rythme, non ?<br /> Alors bon courage ! Tiens le coup, te lire travailler est toujours aussi riche.<br /> Perso, j'aime beaucoup tes retours sur des photos dont l'actualité est déjà passée.<br /> A bientôt.
Images du Quotidien
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