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18 novembre 2009

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espgauche053
Retour sur la tornade de dijon. La journée de travail du courant l'espoir a gauche rassemble des élus de tous bords autour du thème de l'éducation. Ateliers, débats, séances plénières, bref les outils essentiels de la réflexion politique. Problème, Ségolene royal s'est invitée depuis la veille....arrivés sur place tous les participants ne parlent que de ça. les journalistes guettant l'heure d'arrivée de la dame, les militants se désolant d'un coup de projecteur dont ils se seraient bien passés. Les téléphones portables sonnent, les textos crépitent. Elle est dans le train qui arrive à 12h, il est 10h..
Les ténors traînent dans le hall, saluent les participants, évitent les caméras. Adressent des sourires en coins aux visages informés, ne répondent pas aux questions. Vincent Peillon et François Rebsamen, se fendent d'un point presse pour désamorcer la bombe à venir. Dans la minuscule salle de presse, ils répondent systématiquement aux questions en revenant sur la thématique du jour, les débats autour de l'éducation. "alors, j'espère que cela va vous intéresser les questions du termps scolaire..!" les journalistes présents toussent un rire gêné. Ben oui..même s'il faut le déplorer, cela ne les passionne pas..aprés le quart d'heure de politesse, un de nous se lance : "mais que pensez vous du fait que madame royal s'invite aujourd'hui?" Silence, sourires, mains croisées. François Rebsamen se dévoue pour répondre, il est dit que c'est lui qui l'a invité. Il se débat pendant dix bonnes minutes pour expliquer que c'est son devoir en tant que maire de la ville, qu'il assume..enfin voilà quoi! question suivante, pareil mais dit autrement. Enfin, il exulte en lançant un "mais qu'est ce que vous voulez que je vous dise!!  elle s'est invitée!! c'est comme ça!" les journalistes notent vite la phrase sur leurs carnet de peur de ne plus y croire.
La fin de la discussion est décrétée. Peillon se lève et se fraye un chemin entre les chaises, les sacs et les caméras. Je suis sur ce chemin, mais fortement à la ramasse, la vue bouchée par deux caméra-mens. J'empoigne une chaise et monte dessus. Je domine enfin mon sujet. Les perches des ingénieurs du son suivent la sortie de Peillon. Je cadre les outils de l'information qui se dirigent vers lui. les murs blancs, la porte bleu, le petit panneau sortie juste au dessus, j'aime ce contraste. J'espére juste qu'il va se retourner. S'il est de dos, ça va pas le faire. Je n'ose pas l'appeler. Quelqu'un le fait à ma place. c'est bon , c'est une image.
12h. La vedette arrive. Nous plantons sous la pluie à l'aguet de la moindre voiture qui s'arrête. Soudain c'est derrière que ça part en courant. Évidemment. Cela n'arrive jamais par là où on l'avait prévu.. Je bataille pour être dans la mêlée..avec Royal je sais d'expérience qu'il faut prendre ce qu'on peut, on n'est jamais sûr de rien. Elle peut faire demi tour, se cacher ou faire le grand spectacle. Moi , je sais qu'il me faudra une image d'elle..
espgauche088
La suite de la journée ressemble à une cour d'école, ou bien une cour de ferme. Chacun s'évite, file dans les couloirs, entre dans des salles. On fuit le micro qui se tend pour récolter une impression ou un commentaire. Ségolene Royal semble à un animal ne sachant où aller, suivit de prés par une cohorte de partisans ou de suiveurs. Elle lâche un mot, monte un escalier, le redescend. C'est fatiguant et pour tout dire pathétique. Lorsqu'elle rentre dans la salle plénière avant le début d'une séance et que celle ci est vide, elle fait demi tour. Elle s'enferme alors dans le vestibule avec les journalistes à ses basques. Elle est énervée, stréssée. Me voyant, elle me dit "vous , vous sortez, vous avez fait assez de photos" je lui rétorque que ce n'est pas à elle d'en décider et que je ne bougerai pas. Elle se cache toujours derrière une porte pendant que son staff, fatigué, essaye mollement, de nous faire sortir. Je me dis à ce moment là que Royal à peur de l'image qu'elle pourrait donner. Elle dit : "vous savez comment ça va se passer..si vous êtes là , ils vont siffler" Oui c'est bien ça, elle craint la vindicte, la grogne de la salle, elle ne veut pas que cela se voit, alors elle veut que nous nous en allions..mais tout le monde affronte cet obstacle, cela fait partie du mêtier du politique. Elle le sait et s'y résout. Au final cela se passera bien.
Une fois la déclaration faite je ressors de la salle et me place pour la sortie. A l'étage, dans le hall, se trouve un escalator et un escalier. L'escalator et en montée. Elle ne peut donc que passer par l'escalier. Je me positionne juste au dessus en cadrant la rampe au milieu. J'ai repéré un escabeau laissé en plein milieu de l'entrée, quelques personnes qui traînent. Je me fais déjà mon image dans ma tête. Les portes de la grande salle s'ouvrent. Royal sort entourée d'une nuée de caméras. Je reste en place sur mon point de vue. D'autres photographes m'ont rejoint. La troupe arrive. Elle emprunte l'escalier comme prévu. Quand Royal arrive dans mon cadre, je me résout, je crie : "madame royal!!" Elle lève la tête, me regarde et sourit. Elle la baisse aussitôt. Je la laisse partir. Je vérifie immédiatement. La photo est bonne.
Finalement j'ai bien fait de crier.

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Commentaires
L
"Me voyant, elle me dit "vous , vous sortez, vous avez fait assez de photos" je lui rétorque que ce n'est pas à elle d'en décider et que je ne bougerai pas."<br /> <br /> Elle ne vous en voudrait pas encore pour la photo des "pieds à la rose" malgré que vous avez pu en parler avec elle lors d'un échange sur La Télélibre.fr ?
G
Bonjour Sebastien!<br /> <br /> Un plaisir de retrouver tes récits sur un évènement qui a fait la Une!<br /> Te lire en décalé donne un recul très salvateur!<br /> <br /> J'espère que tu vas pouvoir continuer de nous faire partager quelques images qui te paraissent peut-être banal mais qui ne le sont pas pour la plupart des gens!<br /> <br /> Bonne continuation
S
merci...pour le post sur la venue de françois fillon au congres des maires, c'est pour bientôt, il est en gestation dans ma tête...
V
ces images sont bien meilleures, trouvé-je, que celles choisies et publiées par libération depuis trois jours. je pensais que le photographe avait son mot à dire dans l'editing, a fortiori dans un quotidien qui a érigé la photo politique en manifeste... au plaisir de vous lire à nouveau...
Q
Excellent. J'ai toujours autant de plaisir à lire le récit d'une ou deux photos prises dans ces conditions. Ce texte décrit parfaitement l'ambiance qui a pu régner sur place et l'état de nerfs dans lequel devait se trouver, sous les sourires de façade, Ségolène Royal.<br /> Il me tarde de voir si tu vas écrire un billet sur la venue de François Fillon au salon des maires ... je t'ai aperçu ... et j'ai enfin pu mettre un visage sur un photographe/blogueur ;)
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